- Ben ! dis donc, ça te fait quoi cette vie « horizontale » ?
- Ça ne me dérange pas tant que ça et [...] à la conduite, je suis dans ce lit comme dans ma voiture. Je roule, je roule la nuit, le jour, tantôt ligne droite, tantôt virages, des pauses... J’ai la même économie de gestes vu la limite de mes mouvements, je ne roule plus de clopes mais je téléphone, j’écoute de la musique, j’écris comme avant tout en conduisant, hier je faisais des chansons et aujourd’hui je compose des impromptus... il ne me manque que les petits restos ! - Et le paysage ? - C’est un autre panorama qui déroule, il est verbal. C’est curieux comme transformation, mais j’ai le sentiment de rouler, d’avoir beaucoup beaucoup roulé depuis juin, de ne pas être cloué dans ce lit comme on dit, bien au contraire, de me déplacer, de rouler quoi sur le ruban bleu d’une route nouvelle et comme Cadou, « ...appuyer de toutes mes forces sur le champignon de la beauté ! » [...] |
« Si je deviens poète, tout pourra être sauvé. » (François Cheng)
Est-ce que le « poète » a conscience qu’il doit passer de façon manifeste ou non par le Calvaire, une Passion qui le hachera de toutes ses illusions, qui lui fera boire jusqu’à la lie les trahisons, les échecs et qu’il devra en sortir tête haute dans le souci de préparer au bout de cette débâcle une maison de paix, de lumière, de vie bien douce à vivre pour ses amis, frères et sœurs enchantés par ses formules de Vérité belle et bonne ?
Et l’enfant s’endormit, son cahier sur ses genoux recroquevillés, le crayon grignoté entre les dents et cette phrase inachevée griffonnée : « si je deviens poète, tout pourra être... » |
NOUVEAUTÉ 2023
130 pages - 15 €
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